mardi 25 août 2009

Colonialisme israëlien en Afrique


Le 25 février 2008, le Mouvement de Libération du Soudan a annoncé l’ouverture de ses bureaux à Tel Aviv. Le mouvement rebelle du Darfour dirigé par Abdel Wahid Al Nour a déclaré à cette occasion qu’étant donné que le gouvernement israélien avait protégé des jeunes Soudanais du Darfour d’un génocide certain, il était temps qu’une représentation pour les réfugiés soudanais soit présente en Israël.

En espérant acquérir de la respectabilité et de la notoriété à l’échelle internationale, Abdel Wahid Al Nour révèle ses accointances. La faction séparatiste est depuis toujours soutenue par le Lobby étasunien et l’installation d’une officine à demeure dans l’entité sioniste est le pas qui met le SLM (Mouvement de Libération du Soudan) en rapport direct avec ses financiers.

Al Nur se place sous autorité israélienne pour revendiquer une vision libérale et sécularisée de l’État du Soudan.Pendant les années de guerre civile quand le Sud menait sa guérilla pour la sécession, le Darfour fournissait abondamment des soldats pour l’infanterie du gouvernement central religieux de Khartoum, loin de toute idée de laïcité revendiquée alors par les séparatistes de l’époque. Dans ces années, Israël soutenait les séparatistes du Sud, logistiquement et financièrement, et c’est en raison d’accords secrets entre le Président de l’époque Jâafr Al Numeiri et l’équipe dirigeante de l’entité sioniste que les architectes de la rébellion du Sud furent contraints de s’asseoir à la table de négociation.

La Coalition Save Darfour basée aux US(a) et composée quasi-exclusivement de groupes confessionnels juifs, le reste étant représenté par quelques évangélistes sionistes, s’est promis de mettre à profit le passage de la flamme olympique pour dénoncer la complicité de la Chine dans le « génocide » du Darfour. Quelques activistes de Save Darfour ont rejoint les défenseurs du Tibet le 9 avril à San Francisco. Parmi eux, Ruth Messinger la présidente de « American Jewish Service » branche de New York. Le rabbin Lee Bycel, président de AJS pour la région ouest faisait partie de la manifestation. Ce chef religieux est allé de nombreuses fois au Tchad dans des camps de réfugiés.

Les implications de la très démocratique et occidentale entité sioniste en Afrique excèdent la coopération tristement célèbre entre Israël et l’État de l’apartheid d’Afrique du Sud, les Israéliens faisaient leur profit en contournant le boycott international opposé au régime banni du Cap.

Des universitaires proches du candidat d’opposition Simba Makoni au Zimbabwe avaient dénoncé en mars avant même la tenue des élections l’arrivée d’équipes israéliennes (et pakistanaises) à Harare pour aider à installer un climat de terreur parmi la population et truquer les élections. Mugabe a payé 2,5 millions de dollars une firme Cogniview en lien avec le Mossad pour assurer la maîtrise de toute rébellion populaire après l’annonce des résultats en coopération avec les forces de sécurité locales. Elle s’est assurée de la maîtrise du déroulement des élections et a trafiqué les listes électorales et fourni des bulletins surnuméraires à placer dans les urnes.

La politique d’intervention africaine d’Israël depuis l’Angola, à la République Démocratique du Congo, au Rwanda, à la Sierra Leone en passant par la République de Centre Afrique et la Côte d’Ivoire, sert les intérêts stratégiques des deux alliés US(a)-Israël et l’économie israélienne n’est pas en reste.

La Gesrtler’s International Diamond Industry qui détient le monopole du diamant congolais a fourni une assistance militaire à la République Démocratique du Congo au travers de personnel conseil comme le Général en retraite Yosi Ben Hanan, Avigdor Lieberman député du parti Yisrael Beytenu et Yossi Kamisa ancien officier de la police anti-terroriste. Le grand-père des frères Gertler, de ce même groupe Dan Gertler Israel (DGI) Moshe Schnitzer est connu en Israël sous le nom de M. Diamant. Dans sa jeunesse, Schnitzer faisait partie du groupe terroriste Irgoun qui a assassiné entre autres victimes l’envoyé de la Croix Rouge en Palestine, le comte Bernadotte. Il a fondé la bourse d’échange du diamant en Israël qui procure 13 milliards de dollars au PIB israélien par an et représente la deuxième plus importante industrie exportatrice de l’entité sioniste.

D’après un rapport publié par l’American Jewish Committee, les diplomates israéliens ont été remplacés après les années 80 par un petit groupe d’hommes d’affaires, d’agents du Mossad et d’émissaires militaires qui sont devenus les seuls interlocuteurs des leaders africains. Des anciens officiers de l’armée israélienne, comme Yair Klein recherché par le FBI pour avoir entraîné les milices du cartel de Medelin en Colombie, sont devenus des trafiquants d’armes à l’échelle de tout le continent africain, répandant le sang qui tâche les matières premières, coltran, diamant, uranium et pétrole.

Pourquoi retrouve-t-on toujours l’artefact du côté des fauteurs de troubles, de guerre et de crime ?

Convergence des Causes (13 avril 2008)
source:http://www.geostrategie.com/687/les-tribulations-sionistes-en-afrique

LA GAUCHE NOUS A TRAHIS

LA GAUCHE NOUS A TRAHIS

par Ginette Hess Skandrani


FAIRE DE LA POLITIQUE AUTREMENT


Aujourd'hui, en cette période quasi estivale d'octobre 2008, en pleine période de crise financière, de morosité politique et sociale, de ras le bol général, de violences généralisées créées par la mondialisation économique, culturelle et politique, de destruction de l'environnement, de la misère organisée ici ou ailleurs avec si peu d'espoir de changement et si peu d'imagination chez les uns et les autres, qu'en est- il de tous nos rêves, nos espoirs de construire une société plus juste, plus conviviale, plus égalitaire, moins violente, respectant la nature et les autres civilisations, sans oublier les autres espèces?


Nous y avons cru si fort, après mai 68, nous y croyons encore, un peu moins fort il est vrai, mais surtout d'une manière plus simple en évitant de penser au grand soir qui changerait tout. Tant d'années ont passé, tant de copains, copines ont changé de route, se sont intégrés dans l'économisme rentable ou dans le politiquement respectable, oubliant tous les projets construits pour le long terme. L'avenir, pour eux c'était tout de suite, le profit individuel y compris. Nous pensions, après les grèves de décembre 1995 et le retour aux discussions, à la convivialité lors des occupations initiées par différentes coordinations, en voyant refleurir dans Paris tous ces vélos, ces patins à roulettes, ces piétons, ces gens qui discutent ou plaisantent, qu'enfin quelque chose allait changer et remplacer l'égoïsme, l'individualité, l'arrogance si bien personnifiées par la voiture et tout ce qui tourne autour, y compris les syndicats et les partis politiques si rigides dans leur conception.


Il est vrai que la solidarité se pratique plus facilement en période de crise ou de restriction. Je m'en étais déjà rendu compte lors de mon séjour en Palestine occupée, où l'Intifada n'aurait jamais pu acquérir cette dimension sans la chaîne de solidarité qui s'était créée autour de la révolte de tout un peuple. Ce n'était pas seulement le soulèvement ou la résistance contre l'occupant qui étaient intéressants, mais également toute cette participation de la population : jeunes, vieux, hommes, femmes, intellectuels, prolos, toutes dimensions confondues pour l'entraide, l'organisation de la vie, le regain de la dignité.


Dommage que cette Intifada ait été négociée contre du vent, car là aussi le politiquement correct et anesthésiant tout ce qui ne rentre pas dans ce cadre, a repris le dessus avec ces fameux "accords d'Oslo", laminant toutes les minorités, faisant passer la résistance légitime à l'occupation pour du terrorisme, renvoyant les femmes et les enfants à leurs occupations: casseroles et écoles -et les hommes aux négociations/redditions.


Au-delà de ces dernières périodes, c'est le"chacun pour soi et Dieu pour tous", qui reprend allègrement le dessus. Même si le discours productiviste, l'égoïsme collectif et la transformation électorale de toute résistance populaire ont vite repris le dessus, j'espère qu'il en est quand même resté quelque chose dans les mémoires.


Peut-être, est-ce un peu trop tôt, pour espérer une réflexion un peu plus approfondie? Peut-être sommes nous allés trop loin dans l'abdication de notre autonomie? Faudra-t-il laisser encore mûrir un peu ce ras le bol général et cette prise de conscience de "ensemble nous pouvons tout, tous seuls nous ne sommes rien", -"ce qui n'a rien à voir avec la lutte des masses qui est une lutte de classes", nous serinaient les communistes et autres gauchistes qui se voyaient déjà menant ces masses à la conquête du pouvoir exercé par ceux qui étaient si éclairés....
Il ne faut pas confondre collectivisme et communautarisme : dans l'un l'individu abdique pour le groupe, dans l'autre l'individu est aussi le groupe. Nos sociétés modernes ou modernistes ont oublié ou voulu oublier que la grande famille, la Oumma comme l'appellent les arabos-musulmans ou la tribu, le clan dans d'autres civilisations, n'a pas grand chose à voir avec le collectivisme qui ne peut de toute façon qu'aboutir à une direction dictatoriale, car il élimine de facto les minorités, les marginaux ou ceux qui refusent la pensée unique. Certains d'entre nous y ont cru et y croient encore, d'autres ont tiré des leçons du socialisme dictatorial et bolchévique des pays de l'Est européen. Même si certains dirigeants communistes ou socialistes ont fini par condamner les exactions commises, même si les trotskistes s'en sont désolidarisés depuis de nombreuses années, personne n'a fait une étude sérieuse sur les dangers de ce collectivisme qui veut enrôler tout le monde et ne permet pas les écarts de pensées ou d'opinions.


Les différentes mobilisations de ces dernières années, pour le logement, la solidarité avec les sans-papiers ou les sans droits, pour la défense de l'environnement ou du cadre de vie, des consommateurs, au delà des revendications ponctuelles, ont aussi amené des réflexions sur l'auto-organisation et un regard différent sur les autres continue à se développer dans plusieurs petits groupes de réflexion, en dehors des collectifs ou autres organisations institutionnalisées, type syndicats ...


J'espère que la crise financière que nous sommes en train de vivre et que tous nos grands hommes politiques de droite comme de gauche, semblent traiter avec légèreté et en nous mentant effrontément sur les causes et les effets, nous permettra de changer nos rapports avec l'économie et que les gens finiront par comprendre que la vie qui nous a été volée par le productivisme et le consumérisme peut se regagner, si nous le voulons. Lorsque dans les années 1970, nous criions "Jetons nos télés, débarrassons nous de nos voitures", ce n'était pas uniquement contre la société du spectacle ou marchande que nous nous érigions, mais bien contre le début de la dépossession de nos vies. Nous sentions que le matérialisme qui pour certains, comme les communistes ou les socialistes représentait du pain et du confort pour tous, pouvait aussi se terminer par toujours plus de pain et de confort pour certains, au détriment de nos libertés à tous, et surtout de ceux qui, d'ailleurs en auraient de moins en moins, car au-delà des ressources, nous leurs pompions tout leur avenir..

Mais, "l'imagination au pouvoir", "Sous les paves, la plage", toute cette utopie créative n'ont été, en voyant ce qui se passe actuellement, que des slogans vides de sens, servant de tremplin à ceux qui crieraient le plus fort et le plus longtemps et ont su monnayer leurs cris. Sauf, peut-être pour quelque uns ou unes (et encore je ne suis pas si sûre) qui ne se sont alignés sur aucun pouvoir qu'il soit de gauche ou de droite, gardant intact leur soif de changement et leur aversion de l'injustice. Mais ceux -là sont isolés, se méfient de tout et ne font plus confiance à personne, surtout pas à la gauche institutionnnelle, par peur des manipulations et surtout des promesses trahies.


La majorité des ténors des différentes luttes sociales menées depuis les années 1970 (antinucléaires, écologistes, antiracistes, tiers-mondistes ou féministes) sont rentrés dans le giron des socialistes et se sont de ce fait gagné des places, sinon confortables du moins rentables. Ils ont de ce fait, car étant dans les places de décision et voulant du même coup rester ténors des luttes sociales pour parler au nom du peuple, fait fuir tous ceux qui étaient restés sincères, en les trompant par des mensonges politiciens, détruisant du même coup toute confiance dans la politique. Si le mot "politique", qui dans son sens le plus noble veut dire,"vie de la cité", est devenu synonyme de magouille et compagnie, nous le devons pour beaucoup à nos chers copains socialistes. Même si la droite qui est au pouvoir actuellement ne nous laisse pas beaucoup d'espoirs de changement, même si elle met en place une société de plus en plus musclée, même si elle exclut de plus en plus de citoyens de la vie politique et sociale, même si elle expulse les étrangers, elle ne fait pas pire que ce qu'ont fait ses prédécesseurs dont nous ne voulons pas non plus. Nous avons déjà donné et cela suffit amplement.
Si, dans les années 197O, nous avions commencé à réfléchir sur un mouvement écologiste à créer pour constituer une alternative aux deux modèles dominant, le capitalisme et le socialisme, c'est que déjà nous sentions que les deux modèles allaient attirer l'humanité à sa perte, car les deux étaient fondés sur l'exploitation de la planète, sur l'écrasement des autres civilisations et la disparition des autres espèces. Malheureusement certains écologistes, surtout ceux qui ont usurpé cette étiquette, n'ont rien eu de plus pressé à faire que de vendre nos réflexions, même si elles n'étaient que balbutiantes, au plus offrant, en l'occurrence, les socialistes. Pour quelques places, quelques circonscriptions, ils sont prêts à vendre leur âme et surtout celle des autres.


L'écologie politique actuelle : qu'en reste-t-il?


On nous dit souvent que l'écologie politique, du moins celle qui va aux élections, a perdu son combat, car elle s'est divisée. C'est une analyse trop simpliste et surtout trop facile. L'écologie en tant que concept, philosophie ou idéologie est beaucoup plus vaste et plus profonde que ces quelques clampins et clampines qui se sont partagé les postes pour continuer à gérer les catastrophes actuelles et à venir. Même si à un moment donné, nous avons pensé qu'il serait intéressant de parler de nos idées, nos réflexions concernant le productivisme, la destruction de la planète et des ressources, la domination et la colonisation des populations, dénoncer les différentes pollutions, les dangers et les méfaits de l'industrie nucléaire et chimique, de l'armement et de la destruction de masse et que les campagnes électorales pouvaient se transformer en tribune, nous étions déjà rentrés dans ce que dénonçait si bien Guy Debord, dans sa fameuse " société du spectacle" : et la seule issue offerte par la lucarne était de jouer le jeu et de se présenter aux élections pour pouvoir s'exprimer.

Malheureusement, s'exprimer était déjà participer et s'adapter à la société du spectacle. Le long terme, l'avenir de l'écologie globale, préparer la société de demain, penser aux générations futures, tout cela était oublié, car il fallait apprendre à gérer tout de suite et il fallait devenir gagnant.


Je n'ai jamais compris ce qu'on avait à gagner dans des postes-otages de cette société.
Je ne comprends toujours pas.


Si c'était pour faire exactement la même chose que les autres, ce n'était pas la peine de créer "les Verts".


Et cela continue de plus belle. Le mouvement écologiste politique dans sa branche verte, ou du moins ce qu'il en reste après l'enterrement de première classe de son autonomie, est en train de continuer à s'engouffrer allègrement dans une brèche laissée ouverte par tous ceux qui ont quitté le bateau, dans un "programme commun de la gauche progressiste », reconstitué pour l'occasion et remanié à la sauce socialiste. Est-ce cela l'alternative que nous avons cherché à construire depuis si longtemps ?


En quoi une recomposition de bric et de broc, sans aucune base réelle, peut-elle devenir miraculeusement une alternative? Une alternative à quoi? Une alternative pour qui? Il ne faut surtout pas se tromper de mot, car après avoir galvaudé le mot politique qui voulait dire dans son sens noble « vie de la cité », et qui est aujourd'hui synonyme de "magouilles, manipulations, affairisme et strapontins", tous ces arrivistes de pacotille sont en train de dénaturer le mot «alternative» pour en faire tout simplement une alternance entre la gauche institutionnelle et la droite autoritaire, en pensant que tout peut recommencer inlassablement.
Après l'effondrement du mur de Berlin qui divisait le monde en deux, après la crise du capitalisme et la prise de pouvoir des financiers de toute sorte, où est cette différence entre les deux conceptions de partage de la planète ? Les deux politiques se confondent, d'ailleurs nos chers énarques sont issus des mêmes écoles et ont suivi le même cheminement, entre : progrès, productivité, consommation, croissance et pouvoir d'achat. Ils veulent tout, la plupart du temps pour eux, puis s'il en reste on partagera. La droite, ça se sait, la gauche, dans toutes ses composantes, le camoufle, tout en sachant que de ce fait elle trahit tout ce qu'elle a cherché à édifier en se servant de ceux qui y ont cru. Le mouvement écologiste, dans sa partie non électoraliste, pouvait être et peut encore, s'il s'en donne les moyens, devenir cette véritable alternative. Mais pour y arriver, il ne faut pas faire l'impasse sur l'historique du mouvement, sur les manipulations des uns et des autres pour nous attirer dans le giron des socialistes, pour soit disant grandir et devenir plus nombreux et rentrer dans les institutions pour les changer de l'intérieur. La seule alternative qu'ils nous proposent c'est de faire le jeu institutionnel pour grignoter quelques miettes, alors que tout se dégrade.


Toutes ces années passées à construire petit à petit et avec si peu de moyens, une organisation politique indépendante et donc offensive contre toutes les manipulations politiciennes, n'ont pas été perdues pour tout le monde, vu que nos marionnettes médiatisées n'ont pas hésité à la vendre aux socialistes. Du coup ils ont même fait semblant d'oublier que ceux avec qui ils créent l'alternance ont surtout aidé à casser toute idée de mouvement écologiste indépendant qui risquait de leur faire de l'ombre, car plus neuf et surtout ne s'étant pas encore compromis à leur côté..


En se plaçant nettement à gauche et en faisant du suivisme derrière ceux qui pensent qu'on peut indéfinitivement continuer à détruire la nature et les espèces vivantes, à s'imaginer que la civilisation des lumières est supérieure aux autres, à croire à la techno-science pour sauver l'humanité, les verts se sont coupés la route vers la construction d' une véritable alternative écologiste qui prenne en compte le présent et le devenir des humains, de la planète, des autres espèces et des générations futures.


Existe-t-il une gauche institutionnelle ou autre qui n'ait pas trahi le mouvement social ?
Certains, tant de fois manipulés, ridiculisés ou carrément jetés semblent encore y croire aujourd'hui. Ils ont perdu toute mémoire. C'est certainement cette capacité d'oubli qui fait qu'une alternative crédible et indépendante ne peut se développer officiellement dans ce pays même si elle continue à exister localement et éparpillée dans de petites unités ou communautés. Nous sommes quelques uns à penser que ce qui fait notre faiblesse d'analyse aujourd'hui, c'est ce manque de mémoire, qui nous fait à chaque fois tout recommencer, en oubliant ce qui a déjà été fait. Cela fait près d'un demi siècle que cette gauche mythique détruit au fur et à mesure qu'elle s'investit dans les mouvements sociaux. Il serait temps de se poser clairement la question : pourquoi ? Le jeu institutionnel et l'appât du pouvoir n'expliquent pas tout. Les intérêts doivent être plus économiques, financiers que politiques. La gestion des différentes"affaires" nous le confirme, ainsi que les "pots de vins" ou l'achat des militants. Ils ont promis le "socialisme", et en attendant ils ont surtout réconcilié les Français avec le capitalisme qu'ils ont rebaptisé "économie libérale" Ils ont ainsi, en s'appuyant sur les luttes sociales, les trahissant au passage, travaillé allègrement pour le retour de la droite et la déconfiture de leurs troupes.


La manipulation des mouvements antinucléaires, anti-guerres et antiracistes.


Le mouvement anti-nucléaire



Le P.S, en montant avec l'aide de certains comités antinucléaires un peu naïfs et facilement manipulables et leurs sous-marins des" Amis de la Terre ", l'Appel contre le Tout- Nucléaire, lancé à la fin des années 1970 et servant entre autres à appeler à voter pour François Miterrand lors des présidentielles de 1981, a sciemment cassé le mouvement social antinucléaire. Nous étions quelques uns à avoir compris le danger de dérive du mouvement anti-nucléaire et n'avons pas soutenu cet appel, d'autant plus qu'il ne remettait nullement en question le nucléaire civil ou militaire, mais s'adressait juste au « tout nucléaire », ce qui était un attrape nigauds dans lequel étaient tombés la majorité des militants. Certains ont pris leurs rêves pour des réalités et se sont imaginés que le président socialiste allait arrêter le programme nucléaire. Ils n'ont pas tardé à se réveiller et à déchanter, du fait que les différents comités à l'écoute des socialistes s'étaient engagés dans la campagne de soutien électoral n'avaient souvent fait que ça, ce qui n'a pas tardé à casser le lien entre les différents comités du réseau anti-nucléaire. Et en 1981, les comités étaient déjà largement moribonds, car on ne pouvait à la fois écouter le chant des sirènes et leur résister.


D'accord il y eut des miettes accordées - comme par chaque nouveau pouvoir - pour remercier ceux qui avaient fait élire le nouveau chef d'Etat. Il y a eu l'arrêt de la centrale nucléaire de Plogof, mais c'est le moins qu'il pouvait donner, car les Bretons par leur lutte acharnée lui avaient forcé la main et n'auraient de toute façon pas arrêté leur mouvement. De même, les paysans du Larzac qui se sont battus contre l'extension du camp militaire, ont vu leur lutte récompensée.


Il y a eu aussi trois jours d'arrêt dans la poursuite des essais nucléaires à Mururoa. Mais ces essais ont vite repris de plus belle et de plus en plus nombreux, prenant le peuple polynésien et les autres peuples du Sud Pacifique en otage. Il y a eu quatre vingt quatre essais nucléaires sous la présidence de François Mitterrand, de 1982 à 19992,et il n' y a jamais eu de grandes mobilisations contre ces essais « de gauche », à part quelques protestations autour de S.O.S. Tahiti. Il ne fallait surtout pas déranger un "président de gauche". Nous étions quelques uns, qui nous sommes faits violemment agresser par les socialistes et leurs sous-marins (P.S.U., C.O.D.E.N.E,) lorsque nous voulions lancer des appels pour l'arrêt des essais nucléaires mitterrandistes. "Avec tes conneries, tu vas faire revenir la droite". Nous avions beau jeu de leur répliquer que c'était leur alignement inconditionnel sur le P..S. qui allait ramener la droite, qu'en cassant et qu'en laminant les résistances au pouvoir, ils préparaient la chute du socialisme. L'avenir nous a prouvé que nous avions raison.


Le gel du surgénérateur de Creys Malville, pourtant annoncé dans "l'appel contre le tout nucléaire", n'a pas fait long feu. Le programme nucléaire a continué de plus belle et aucun débat publique n'a eu lieu malgré toutes les promesses faites aux antinucléaires si crédules, les socialistes ayant préféré mener un semblant de débat entre les députés qui leur étaient de toute façon acquis, vu que les écologistes n'avaient pas de représentants parlementaires. Ils ont surtout cherché à éviter, en éloignant les associations et les différents comités locaux ou coordinations nationales du débat, toute remise en question du programme nucléaire.
Je n'étais pas trop étonnée, lorsque le 11 mai 1981, après l'arrivée d'une soi-disant gauche au pouvoir, les copains socialistes du C.S.F.R (Comité de sauvegarde de la plaine du Rhin et de Fessenheim) ou de la F.A .N.E.F( Fédération antinucléaire des environs de Fessenheim) ont enlevé les autocollants antinucléaires de leur voiture. J'étais juste un peu triste. Cela confirmait juste un peu, ce que me racontait mon père " Tu ne pourras jamais construire un projet honnête avec les socialistes, car ils te le changeront en douce au fur et à mesure que ce projet avancera et si tu t'y opposes, c'est toi qui seras traitée de traître à la lutte sociale et tu ne seras plus d'aucune éfficacité. Nous sommes tous passés par là.


Là ou j'avais fini par être dégoûtée définitivement du socialisme et de leurs sous-marins, c'était lors de la manifestation du "DREYECKLAND",(Le pays des trois frontières) avec les Allemands du pays de Bade, les Suisses des environs de Bâle et les Alsaciens, pour faire le lien entre les trois centrales nucléaire prévues sur le Rhin :


FESSENHEIM qui avait déjà deux tranches en fonctionnement et devait hériter de sept autres,
WYHL, dont la mobilisation des Burgerinitiativen (comité des citoyens) avait empêché la construction, du côté allemand, mais n'était pas encore définitivement enterrée malgré tous les procès gagnés par les écologistes,


KAISERAUGST, en Suisse qui était en butte à une contestation de plus en plus dure, et combattue par les comités des deux cantons concernés.


Cette manifestation, programmée pour le 1er JUIN 1981, devait être un parcours d'à peu près 2OO km, en vélo, pour relier les trois centrales en traversant évidemment, plusieurs fois les trois frontières entre Neuf-Brisach (côté français) Vieux-Brisach (côté allemand), puis Lörrach (côté allemand) et Bâle (côté suisse). J'étais une des portes paroles de ce rassemblement. Nous devions prendre le départ de Colmar pour nous retrouver à la frontière avec les antinucléaires allemands et suisses. Malheureusement Gaston Deferre, à l'époque ministre de l'intérieur du gouvernement socialiste, qui venait d'être plébiscité, avait donné l'ordre de fermer les frontières et interdit l'entrée aux anti-nucléaires allemands.
Lorsque je suis allée demander des comptes au secrétaire du parti socialiste de Colmar, il m'a tendu une rose en disant : "Qu'est-ce qui t'a pris d'organiser une manifestation antinucléaire, alors que nous venons de gagner les élections présidentielles et qu'il faut tout faire pour gagner les législatives ? Le nucléaire n'est qu'une broutille, prendre le pouvoir à la droite est plus important que d'organiser des manifestations". Je lui ai jeté sa rose dans la figure en disant " Tiens tu peux la bouffer ta rose, d'ailleurs il n'en restera bientôt plus que les épines parce que vous êtes trop cons pour garder le pouvoir".


Je n'ai pas été trop étonnée de tout cela, car je m'en doutais déjà, mais ce sont les militants alsaciens qui sont tombés de haut. La plupart étaient très jeunes, et beaucoup d'entre eux avaient dansé au son de la victoire socialiste. Nous avons d'ailleurs profité de l'occasion pour leur faire un petit topo sur la traîtrise de ceux qui nous gouvernent. Notre manifestation, nous l'avons eue quand même, car nous avons occupé la frontière, avec des milliers de vélos qui klaxonnaient, des stands de boisson, des sandwichs, des orchestres. Nous avons dansé, organisé une fête en plein milieu de la frontière où un cordon de C.R.S., nous barrait la route. De l'autre côté, les Allemands avaient fait face au cordon de C.R.S., en se déculottant pour montrer leurs derrières. C'est cette photo qui avait fait la une des journaux, le lundi de pentecôte 1981. En moins d'une heure nous étions cernés par toute la presse nationale et
régionale, télés comprises. Nous avons répondu poliment, mais la seule chose qui nous intéressait était de rejoindre nos copains badois et bâlois. Nous savions pertinemment qu'à part les culs des Badois qui étaient si généreusement dévoilés face aux bouledogues casqués et armés, rien d'autre n'intéressait la presse vorace de sensations et de scandales, surtout pas cette énorme mobilisation de milliers de frontaliers en vélos. Le danger des centrales nucléaires, les manifestations des riverains appelant à la démocratie pour les décisions les concernant, à part quelques journalistes locaux et amis, la presse nationale s'en foutait royalement, tout comme le pouvoir en place.


La circulation, monstre, un samedi après-midi en juin, a du être détournée jusqu'en Hollande. C'est le ministre qui a plié, vers 19 heures, et autorisé le parcours qui a continué jusqu'au dimanche soir. Nous avons pu traverser les différents postes de frontière, sans anicroches et fiers d'avoir tenu bon. Nous avons organisé plusieurs débats avec les populations des trois frontières venues nous accueillir. Le gouvernement socialiste, en fermant les frontières, avait prouvé qu'il était encore pire que son prédécesseur qui nous avait souvent autorisés - il est vrai à contre coeur, et à la suite de nombreuses pressions - à manifester sur le pont du Rhin. Les antinucléaires étaient soumis à beaucoup de contrôles du temps de Giscard, mais les socialistes ont vraiment poussé l'intolérance très loin. Ils nous ont involontairement fait de la pub, et ont surtout réussi à détourner de nombreux écologistes alsaciens de la gauche.


Quelques jours plus tard j'ai adhéré à "Ecologie et Survie" qui était une des premières organisations politiques écologistes à aller aux élections. Tous mes copains et copines étaient étonnés surtout du côté allemand, qu'une libertaire ose s'engager dans un parti politique qui vise les élections, alors que nous n'avions pas arrêté de travailler sur la démocratie directe, critiquant les différents systèmes de représentation comme anti-démocratiques car privant les gens de leur pouvoir de décision. Mais j'étais tellement écoeurée par la fourberie des socialistes ; et peut-être aussi en avais-je aussi marre d'être une éternelle contestataire. Les écologistes, dont j'étais une des plus actives dès le début, étaient en train de construire un nouveau mouvement qui s'adressait aussi à l'avenir et aux générations futures et était donc moins nombriliste que les vieux partis de gauche. Je me suis un peu trompée, ils
ont fini par faire de la politique comme les autres. Peut-être n'est-il pas encore possible de faire de la politique autrement? Je pense surtout qu'il ne fallait pas faire confiance à ceux qui voulaient toujours nous représenter à l'extérieur, et de ce fait étaient habitués à tous les compromis pour passer dans les médias, être connus, arriver à percer, avoir des places et des postes de responsabilité.


" Société du Spectacle" ou "Spectacle de la Société ", quand tu nous tiens, même l'écologie en tant que projet de société s'efface.


Le mouvement anti-nucléaire, au de-là de sa contestation du programme atomique et de la société qui en découlait, a été un des premiers mouvements, dans toute sa diversité, à mettre en pratique la démocratie directe et participative dans son organisation et dans ses débats, à lier la réflexion locale à l'analyse globale. Du fait de la distance et de la répartition géographique des différents comités, les échanges et les soutiens dans les luttes ont été très enrichissants pour l'ensemble du mouvement et surtout pour le mouvement alsacien, avec l'appui et l'apport très différent des mouvements frontaliers badois ou bâlois. Les discussions étaient souvent houleuses, mais jamais ennuyeuses et toujours instructives. Nous sommes quand même arrivés malgré toutes les difficultés et oppositions, à empêcher la construction des centrales nucléaires de WYHL dans le pays de Bade et de KAYSERAUGST dans les environs de Bâle.


Nous avons aussi empêché l'extension de la centrale nucléaire de FESSENHEIM dans le Haut-Rhin, où les deux tranches de 900 MGW, sur les sept prévues, nous avaient été imposées par le pouvoir central.


La lutte anti-nucléaire nous a montré qu'il fallait absolument, si nous voulions faire pression sur les décisions qui nous concernent, rester indépendants de tous les pouvoirs politiques quels qu'ils soient. Nous avons payé très cher pour ne pas l'avoir compris à temps.


Le mouvement anti-raciste et les associations immigrées se mobilisant pour une société plurielle.
Nous avons revécu la même expérience dans ce mouvement pour une nouvelle citoyenneté qui se profilait, sous une forme un peu différente, mais aboutissant au même fiasco, avec la création de"SOS Racisme" téléguidée par l'Élysée. Avec le droit d'association et de regroupement des immigrés accordé par le gouvernement en 1981, commençait à se créer à travers de nombreux collectifs locaux très divers, un mouvement autonome par rapport aux associations anti-racistes traditionnelles et indépendant des institutions, voulant réfléchir et construire son apport à la société française par lui même. Pour ce mouvement intégration ne voulait pas dire assimilation, mais enrichissement de la société française par l'apport d'autres cultures, d'autres façons de vivre et de penser. Les différents comités "j'y suis, j'y reste", à travers lesquels se lançaient des débats d'une richesse exceptionnelle et plurielle, dans les années 1983-85, au moment de la préparation et après la marche de la solidarité, ont été littéralement court-circuités. Cette initiative, nouvelle et différente dans son mode d'organisation, aurait pu échapper aux socialistes et autres droits de l'hommistes, qui cherchent encore toujours à contrôler la mouvance antiraciste. De plus, S.O.S. Racisme, en soutenant les juifs d'U.R.S.S. et en occultant le drame des Palestiniens qui étaient tout autant persécutés, a envenimé le clivage entre des communautés et condamné les Arabes de France au silence et au repli sur soi. Cette petite main, si médiatique et si enfantine, a pris les jeunes pour des demeurés en attisant les ressentiments des communautés arabes, en continuant à nier que l'exclusion des Palestiniens était aussi du racisme, et amenant de fait un soutien de gauche au pire des colonialismes.


Comment s'étonner aujourd'hui, que beaucoup d'Arabes de France rejettent toute idée de soutien aux socialistes, surtout qu'entre temps il y a eu la tratrise de Mitterrand pendant la guerre contre l'Irak et cet embargo criminel et injustifié qui sévit toujours contre le peuple irakien.
Comment s'étonner quand la plupart de nos copains maghrébins sont allés voter pour Chirac, puis pour cet atlantiste de Sarkozy alors qu'ils n'ont jamais été favorables à la droite? Encore un cadeau des socialistes!


Je préfère ne pas parler des Africains et des dégâts de celui qu'on appelle encore aujourd'hui de Dakar à Ouagadougou, en passant par les banlieues parisiennes " Papa m'a dit". N'oublions pas que les premiers "charters de la honte" étaient organisés par le gouvernement d' Edith Cresson et que c'est Michel Rocard qui ne peut "accueillir toute la misère du monde" alors qu'il prône ouvertement une économie qui est responsable de cette misère. Les socialistes, qui aujourd'hui font semblant de soutenir la lutte des "Sans-Papiers" ont été à l'initiative de la violation du "Droit d'Asile".


La droite, aujourd'hui avec les expulsions et les charters vers Bamako, Gomma ou Tunis, ne fait que continuer et renforcer la crapulerie commencée sous un gouvernement de gauche. Mitterrand, candidat, dans ses 110 propositions de principe, avait manipulé les différentes associations en demandant le droit de vote aux élections locales pour les immigrés et en défendant le droit d'asile. D'accord, il y a eu quelques miettes, comme la carte de dix ans pour tous, ou un léger regroupement familial.


Mais, nous avons vu ce qu'a donné le débat sur l'immigration, que nous attentions tous. Il a été orchestré par le Front national, auquel les socialistes ont voulu donner la parole, lui laissant dire tout et n'importe quoi, n'osant pas le traiter de menteur éhonté lorsqu'il rendait l'immigration responsable du chômage et du déficit social. Le gouvernement en voulant soi- disant diviser la droite, a surtout réussi à populariser le mouvement d'extrême droite et allumé un pétard dangereux qui nous empoisonne la vie et qui prendra des années à s'éteindre. Encore un beau cadeau de gauche, qu'il nous faudra traîner longtemps et qui évitera la remise en question des différentes politiques gouvernementales que l'alternance passive renforce si bien.
Qui encore aujourd'hui, à part quelques associations indépendantes, comme les comités des banlieues, parlent encore du droit de vote et de l'éligibilité des immigrés, ou d'une nouvelle citoyenneté pour l'ensemble de la population?


Qui ose dire que tous ceux qui sont ici, sont d'ici?


L'erreur a été de croire que SOS Racisme pouvait être autre chose que la "Société du spectacle". Les blacks, les beurs, qui colorent nos lucarnes et nos stades, sont les mêmes que ceux qui nous côtoient à Belleville, à Barbès ou dans les banlieues. Pourquoi leur accorder plus d'importance ? « Les uns nous divertissent, les autres nous dérangent ». Pourquoi? Parce qu'ils ont réussi selon nos critères, parce qu'ils se sont intégrés selon notre conception, parce qu'ils ont oublié d'être eux mêmes?


Voici également un des nombreux débats dont le gouvernement de gauche nous a privés, par la peur de tout ce qui pouvait lui échapper. Il faudra, avant de songer à refaire des alliances avec les mêmes, reprendre tous ces débats qui sont mille fois plus utiles que de savoir s'il fallait mieux Ségolène que Nicolas. A mon avis, ni l'un ni l'autre n'étaient à la hauteur pour ce vingt et unième siècle qui s'amène, ni surtout pour les nouveaux enjeux que créent les sociétés fondées sur l'exclusion ici ou ailleurs.


Le mouvement pacifiste et anti-guerre


Le mouvement anti-guerre a lui aussi connu cette déconvenue. Dans les années 79-81, au moment où les populations de toute l'Europe ont pris conscience du danger de la bombe atomique, et ont manifesté contre l'installation des Pershings en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Belgique ou ailleurs les associations et les organisations françaises ont crée le C.O.D.E.N.E. (Comité Européen pour le Gel de l'Armement Nucléaire) Ce comité a été crée pour essayer de contrecarrer le Mouvement de la Paix français qui était tenu par les communistes et donc pas trop critique envers l'U.R.S.S, ni contre la force de frappe française... Les mots d'ordre du C.O.D.E.N.E étaient : Non aux Pershings U.S., Non aux SS 2O Soviétiques. Le C.O.D.E.N.E rassemblait, au-delà de ses différents comités locaux, toutes les forces politiques qui tournaient autour du P.S. ou de l'extrême gauche, auxquels s'étaient joints les écologistes. Il était la branche française des mouvements pour le gel de l'armement nucléaire européens, qui lors des débats nous reprochaient souvent notre faiblesse par rapport à la bombe française.


Mais il n'a jamais été question de parler de l'arrêt de la force de frappe française et donc des essais nucléaires, car il ne fallait pas faire peur aux socialistes qui auraient pu nous rejoindre. Si le C.O.D.E.N.E. ne s'était pas sabordé par manque de clarté politique ou de manipulation gauchiste ou socialiste, il attendrait encore la venue des socialistes. Il y a un manque de mémoire collective ou individuelle qui tue littéralement tout mouvement social dans l'Hexagone. Nous pouvons le comprendre auprès des jeunes qui n'ont pas l'habitude des débats politiciens, mais de la part des vieux crocodiles et caciques de la gauche c'est ou de la mauvaise foi ou carrément de la trahison.


Au moment où s'est profilé la guerre contre l'Irak, suivi d'un embargo drastique sous prétexte d'y créer une démocratie pour le peuple - mais surtout pour lui voler son pétrole et empêcher son gouvernement de soutenir activement les Palestiniens ....lorsque nous avons relancé le mouvement anti-guerre, je me suis vu reprocher par cette gauche socialo-écologiste : "tu ne vas pas défiler avec Le Pen " ? J'ai répondu : "Pour empêcher une guerre et le massacre du peuple irakien, je serais prête à défiler avec le diable". Lorsque nous avions signé l'appel "Non à la guerre" au moment des bombardements du Kosovo, ils avaient trouvé le même prétexte afin de dénoncer tous ceux qui s'opposaient à cette guerre. Lors de la seconde guerre du Golfe, lorsque les troupes américaines se sont emparées de Bagdad et ont envahi l'Irak, la gauche, qui se devait de soutenir Chirac et Villepin qui étaient opposés à cette guerre, a préféré vilipender Busch tout en critiquant, par esprit revanchard, le seul gouvernement français qui a osé s'opposer au diktat US.


Le mouvement écologiste a-t-il encore une chance d'apparaître comme une alternative innovante ?


La mouvance écologiste version verte, est-elle devenue la nouvelle gauche, une autre gauche, une gauche réaliste et réalisée? Qu'a-t-elle encore d'écologiste à part son nom, qui est de toute façon devenu une coquille vide depuis le départ de ceux qui autour d'Antoine Waechter amenaient la contradiction dans le mouvement, faisant du même coup avancer le débat d'idées. Il ne fallait surtout pas opposer les deux conceptions de l'écologie politique, car elles sont et restent complémentaires. Celle de l'autonomie des verts autour d'Antoine qui se traduisait par ni de droite ni de gauche qui voulait dire ni capitaliste ni collectiviste et celle autour de Dominique Voynet qui voulait représenter l'écologie sociale. L'une sans l'autre ne peut pas exister car un mouvement écologiste adulte doit être divers et capable d'accepter sa diversité ; sinon comment pourrait-il expliquer le concept de biodiversité au niveau de l'univers ? Non seulement cette écologie politique s'est sabordée, mais elle a détruit les espoirs d'une génération qui n'a vu que des bagarres de chefs de troupes inexistantes. Elle aurait pu être, dans sa diversité acceptée, une alternative à la fois à la gauche et à la droite, toutes deux décrédibilisées par leurs gestions élitistes et affairistes, et leur ignorance du rapport de l'humain avec la nature. Mais elle a fait comme tous les mouvements nouveaux depuis le début du siècle, qui auraient pu rassembler tous les exclus du système, de la production et de la gestion, elle s'est précipitée dans les bras les plus offrants, elle n'a pas su attendre, elle avait besoin de consommer tout de suite un repas qui n'avait même pas fini de mijoter.
Ce mouvement n'était pas mûr pour faire de la politique autrement, ni surtout pour essayer de s'introduire dans les institutions sans y prendre goût, en axant tout sur le système électoral et son compère, l'électoralisme. Le pire, était encore à venir : l'alliance dans une recomposition avec cette gauche sociale démocrate qui a tellement failli et qui n'en a rien a foutre de l'écologie. Elle veut juste récupérer les voix des derniers inconditionnels d'un projet de société rejetant à la fois l'exploitation de l'humain, de la nature et des autres espèces.
Comment créer une alternative avec ceux qui en soutenant l'activisme techno- scientifique, et marchand ont amené cette crise écologique que nous connaissons aujourd'hui ?
Ce qui m'a laissée complètement stupéfaite, ce sont les dernières propositions entendues, commentées en long et en large par les médias. Le nouveau mot à la mode, celui pour qui tout le monde est prêt à se vendre : le front républicain. Les seuls projets de société, les seuls changements que nous promettent nos ténors politiques, progressistes et de gauche, pour améliorer la vie, c'est une espèce de recomposition hétéroclite pour lutter contre le front national, sans vraiment remettre en question toutes les âneries et insultes qu'il professe, et surtout sans se poser de question sur la stupidité de cette démarche qui ne peut aboutir qu'à une démission de la pensée.


"Comment avons nous pu en arriver là, dans ce vide politique, pour que des nationalistes nous dictent les réponses à donner à tous ceux qui désespèrent, à tous les exclus qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs". Quatre millions de chômeurs, sept selon des canaux plus ou moins officiels, et la seule réponse qu'on leur donne est : serrez-vous les coudes, le F.N. attaque. Il faut vite ériger un front contre lui. Le chômage, le mal vivre, la pauvreté, l'exclusion, tout cela peut attendre jusqu'à nouvel ordre. Ce n'est pas en agissant de cette façon stupide qu'on résoudra la montée de l'intransigeance et du racisme, ni surtout la crise de notre société. Cette façon d'agir peut même devenir très dangereuse car, tous s'associant contre l'extrême droite, comme notre société est malade de trop d'inégalités dans la répartition des richesses, c'est Le Pen et ses sbires qui risquent d'apparaître comme la seule alternative au pouvoir
en place.


Les verts ayant été laminés à la fois de l'extérieur et de l'intérieur, quelle alternative crédible de gens n'ayant pas participé au pouvoir ces dernières décennies peut-on proposer, vu que tout le monde s'aligne sur le même modèle ?


Au delà de la solidarité avec les exclus, de la défense du droit d'asile ou du droit du sol, où est passée la demande du droit de vote et de l'éligibilité des immigrés permettant la construction d'une nouvelle citoyenneté pour tous? Il me semble que c'est une des réponses à donner, en l'argumentant évidemment : les immigrés sont aussi des citoyens et non seulement des objets qu'on fait venir, qu'on transporte, qu'on balaie au gré des besoins ou des prétextes politiques et électoraux. Mais, qui en parle encore aujourd'hui à part quelques associations issues de l'immigration?


Cette proposition ainsi que d'autres, pour l'égalité des droits des habitants d'un même territoire, a disparu des dernières professions de foi de nos chers républicains. Ce n'est pas qu'ils n'en veulent pas, disent-ils,"mais nos électeurs ne sont pas prêts". Ils ne seront jamais prêts, si nous laissons le F.N. nous dicter le débat et si tout nos "démocrates" restent aussi lâches et calculateurs ! Mais par contre, constituer un front républicain, qui de toute façon sera vide et creux, voilà qui est passionnant, non seulement pour la gauche, mais aussi pour les humanistes de tout bord dont les écologistes, alors que nous voulions faire de la politique autrement. Peut-être que justement, " faire de la politique autrement " n'est pas possible, car c'est le système de gestion de nos sociétés qui est pourri et ne permet pas de jouer dans la cour des grands sans déteindre et devenir aussi calculateur, aussi arriviste, et ceci, toutes tendances confondues. Il me semble que les écologistes, du moins ceux qui se pavanent devant les postes, n'ont pas plus de mémoire que ceux qu'ils sont en train de suivre comme des larbins.

J'ai siroté la gauche au biberon, entre un papa communiste et une maman communiste libertaire ; lorsque je me suis engagée dans la nébuleuse écologique dans les années 72 -73, il me semblait que le changement ne pouvait venir de cette gauche mythique que tous mes amis et proches recherchaient vainement. Le communisme avait failli dans les pays de l'est, le socialisme croyait toujours en la croissance effrénée et tant pis, si c'était au détriment de la nature et des pays du Tiers-Monde. De toute façon déjà à cette époque, comme pratiquement tout au long de ma vie, j'étais en décalage avec la majorité de mes proches. Je me rendais compte que nos sociétés de progrès, comme on les dénommait, suivaient une route qui de toute façon ne pouvait être suivie par tous, ici ou ailleurs. Je crois que c'est cette constatation, non analysée, ni argumentée il est vrai, qui m'a amené à l'écologie. Le fameux verre d'eau de René Dumont - qui pouvait bien devenir le dernier -, lors de la campagne électorale de 1974, n'a fait que confirmer ce que j'essayais déjà vainement d'argumenter dans mon environnement immédiat ; autrement dit, si nous continuons à produire et à consommer n'importe quoi, à gaspiller l'air, l'eau, la terre et les ressources naturelles, nous réservons un monde stérile et aseptisé à nos enfants. C'est un peu toutes ces analyses, ainsi que mon aversion des inégalités sociales ou culturelles, qui m'avaient à un moment donné rapproché des communistes, dans leur lutte contre le capitalisme et l'exploitation des travailleurs. Mais j'avais vite compris que ce que je recherchais était autre chose, était à créer ou à inventer. De toute façon, déjà toute gamine, (vu que j'ai été rassasiée de Marx, Engels ou Rosa Luxembourg au biberon), toute idée de collectivisme, où tous pensent et agissent de même, me donnait la chair de poule. Ce qui ne voulait pas dire que je rejetais l'idée de communisme, de partage, de solidarité, d'abolition des classes sociales qui faisaient la base du rassemblement de la majorité des communistes, surtout des militants de base. Mon père, pétri de luttes de classe, de mobilisations syndicales, de militantisme communiste, a bercé notre jeunesse avec la révolution d'octobre, les kolkhozes auxquels il a largement participé en U.R.S.S. C'était un communiste convaincu, il croyait, comme la plupart de ses camarades, sincèrement qu'en s'engageant il allait améliorer la condition des plus pauvres.


Déjà, en 1952, j'avais 14 ans, j'émettais de nombreuses critiques : sur la valeur que les communistes donnaient au travail salarié qui excluait déjà tous ceux qui n'avait pas de travail ou étaient indépendants comme les paysans ou autres. Quelque chose me dérangeait dans leurs analyses. J'ai mis plusieurs années à comprendre mon aversion envers le parti communiste. Etant très anti-autoritaire et ayant été également formée par mon oncle Roby, anarchiste de droite, et ma mère, très critique envers le PC tout en étant de gauche, il était logique que je prenne très tôt mes distances avec les communistes tout en continuant à les soutenir dans leurs initiatives pacifistes ou anti-colonialistes alors que je doutais déjà de leur sincérité. Mais, à l'époque, ils tenaient la rue et ne pouvaient tolérer d'autres formes d'expression.



J'ai toujours fait partie de ce peuple de gauche auquel se référait toujours René Dumont, et je crois que malgré toutes les trahisons de la gauche plurielle ou singulière, je ne pourrai jamais lorgner vers la droite ou l'extrême droite. Beaucoup de mes ami/es écologistes, en sont arrivés à franchir le pas, à rejoindre le centre, la droite ou à faire les yeux doux à l'extrême droite. Je ne leur en veux pas. Le monde a changé, la mondialisation, ce nouveau nom du capitalisme productiviste et impérialiste, nous a rattrapés et les limites politiques et sociales ont éclaté: et l'ennemi n'est pas notre voisin, même s'il n'est pas du même bord. L'impérialisme des gouvernements US qui exporte son idéologie colonialiste et destructrice de la nature et des liens sociaux est bien plus dangereux que les différents groupes et mouvements d'extrême droite. Je peux comprendre tous ceux qui comme Dieudonné ou Kemi Seba cherchent à réconcilier la France avec elle-même, en n'excluant personne. C'est bien pour cela, sans vouloir franchir le pas, que je leur garde toute mon amitié et que n'hésiterai pas à les soutenir, selon les actions qu'ils programment.


Colmar, octobre 2008

Serge THION et le FLN



Voici là une vidéo rétrospective sur l'engagement précoce du chercheur Serge THION contre le colonialisme. Un moment d'Histoire

source:http://www.hardcoremotion.com/media/233/Serge_Thion_et_le_FLN/

OCLL-MDI où le laboratoire anticolonialiste du MDI


Pour rendre visible les travaux de l'Observatoire de la Lutte Contre le Colonialisme (OLCC-MDI), qui est clairement affilié au MDI et dont Serge THION et Ginette SKANDRANI sont des membres actifs incontournables; il était importun de mettre en activité cette plateforme Internet qui nous servira de vitrine supplémentaire à celle du site du MDI (http://www.mdi2008.com/).

Des analyses géopolitiques pointues, des comptes-rendus de lecture avisés, des articles de la presse alternative, ainsi que des billets agrémenteront le contenu de ce site.

OLCC-MDI